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dâtre, ces arbres fantastiquement ramifiés, ces cavernes, à l’entrée desquelles sont assis des lions : ces paysages d’une Bible dramatisée, terrorisante, avec les beautés de miniatures indiennes, et avec ces teints basanés, dans l’enveloppement des tons clairs d’étoffes tendres.


Ghirlandajo. — À côté de Taddeo Gaddi, dans les peintures du chœur de Santa Maria Novella, il est curieux de suivre, avec Ghirlandajo, l’évolution de la peinture sortie du cadre conventionnel et abstrait des tableaux primitifs, et appelant le spectacle de la nature dans ses compositions : peinture qui a l’air de venir du regard d’un contemporain, accoudé sur le rempart de la ville, un regard porté sur les choses d’en bas. C’est l’entrée dans la peinture, des beautés matérielles de la femme et de ses humaines coquetteries ; l’entrée des gravités de vieillards, montrant les préoccupations mondaines d’intérêts terrestres ; l’entrée des tenues hautaines des jeunes éphèbes, au solide appuiement des torses sur les jambes. Ce sont les patriciens, au bonnet violet en forme de corno, au chaperon noir retombant sur l’épaule, au manteau de pourpre sombre, les mains, en un geste monacal, les mains dans leurs manches, croisées et entrées l’une dans l’autre, ou bien la main avançant sur la hanche, entre les deux plis de la tombée de leur manteau, la crevée blanche de leur coude en