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Une toile, qui représente une villa aux fontaines de marbre, où se voit Boccace disant un de ses contes, au milieu d’un Décameron d’hommes et de femmes, ayant au dos le petit mantelet des personnages de Watteau, et dont les mandolines dorment à terre. Un souffleur, dont l’habitacle a pour toit une vieille capote de cabriolet, hors de service. Lorenzo Cannelli, le successeur du célèbre Amato Ricci, est le stenterello de l’endroit. Stenterello n’est pas un type, n’est pas un homme : il est le gros bon sens, et l’opinion publique de la foire, sous le faciès d’un rustre indépendant, dont la voix roule des éclats paphlagoniens, et les gros mots salés d’un carnaval aristophanesque. Stenterello représente la liberté du dire et du rire, réfugiée sur les trétaux, insoucieuse des For-l'Evêque, et rebondissante de 48 heures de prison, plus joyeuse, plus gouailleuse, tolérée d’ailleurs par le grand-duc, comme la franchise irrespectueuse d’un Triboulet, qui, dans je ne sais quelle pièce, se permet de dire : « Nous sommes à Florence trois stenterelli : primo Leopoldo, seconda...

Le répertoire ordinaire, autrefois composé de pièces tirées de Boccace, est aujourd’hui presque entièrement rempli par des pièces démocratiques, dans le genre des pièces de Félix Pyat.

Le soir, où nous sommes à ce spectacle, voici la pièce à laquelle nous assistons : Un cenciajuolo (un chiffon-