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LES PENSEURS DE LA GRÈCE


nelles invocations aux dieux, que se termine ce mémorable document, d’autant plus significatif que, en l’absence de toute surveillance de l’Etat, il formait la seule règle officielle pour la pratique de la médecine. Il est heureusement complété pour nous par de nombreux passages des ouvrages médicaux de cette époque, où la vanité de l’ignorance est percée de traits aussi acérés que le charlatanisme des vendeurs d’orviétan. Ceux qui, sans être en fait médecins, en prennent le titre, sont comparés aux personnages muets ou simples figurants du drame. A la hardiesse fondée sur la science est opposée la témérité qu’engendre l’ignorance. On enjoint aux médecins de ne pas trop se préoccuper des honoraires ; le recours à d’autres médecins en cas d’incertitude et d’embarras est instamment recommandé. C’est là que nous rencontrons cette belle parole : a Là où est l’amour des hommes est aussi l’amour de l’art ». Lorsque s’offrent diverses méthodes de traitement, il faut choisir la moins surprenante, la moins sensationnelle ; laisser les charlatans éblouir l’œil du patient par la montre d’une habileté inutile. Sont réprouvés ceux qui visent à augmenter la considération dont ils jouissent en organisant des séances publiques, surtout quand ils émaillent leurs exposés de citations empruntées aux poètes. La raillerie s’attaque aux médecins qui se flattent de s’apercevoir avec une sûreté infaillible de toutes les infractions à leurs ordonnances, même des plus petites. Enfin on trouve des prescriptions détaillées relativement à l’attitude personnelle du médecin ; il doit s’astreindre à la plus scrupuleuse propreté, se mettre avec élégance tout en fuyant le luxe ; il usera des parfums, mais sans en faire abus 1[1].

    Œuvres et Jours, 786 et 790 sq., par le Pseudo-Phocylide, v. 187 Bergk, et par Lucien, de Syria dea, § 15 (cf. aussi τομίαζ= έκτομίαζ). rofita ; = èxTojuaç). Dans ce cas, par Xiihûvraç il ne faut pas entendre les calculs vésicaux, mais ces indurations pierreuses auxquelles on ne peut remédier que par la castration ; et, en fait, ce verbe désigne les indurations les plus diverses. Cette conjecture, émise par nous depuis longtemps, a été communiquée au monde médical et discutée par feu mon collègue, Dr Théod. Puschmann, dans les Jahresber. über die Fortschritte der gesamten Medicin, de Virchow-Hirsch, 1883, I p. 326, et plusieurs fois depuis.

  1. 1 Les passages qui se rapportent à la conduite et à l’attitude personnelle des médecins en général se trouvent dans Littré : IV 182, 184, 188, 312, 638, 640 ; IX 141, 204, 210, 254, 258, 259, 266, 268.