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CHAPITRE PREMIER


Les Médecins.


I. Supériorité scientifique des Hellènes. Médecine des peuples sauvages, des Indo-Européens et des Hindous. Débuts de la médecine grecque. — II. Situation et devoirs des médecins. — III. La collection hippocratique. Influences réciproques de la médecine sur la philosophie et de la philosophie sur la médecine. Médecine et superstition. Influence de la philosophie naturelle. — IV. L’ouvrage Sur le Régime. Bien-fondé de la pensée qui en fait le fond. Héraclitisme et éclectisme. Le livre Sur les Chairs. Questions et réponses téméraires. Noyau sérieux dans une enveloppe fantastique. Le livre Sur le nombre sept. Excès d’imagination. — V. Années d’apprentissage, de voyages et de maîtrise de la médecine. Réaction contre la méthode de la philosophie naturelle. La médecine et la science « exacte ». Violente polémique contre Empédocle. Science et beaux-arts. Prétentions modestes de la vraie science. — VI. Nature des recherches hypothétiques. Leur nécessité et leurs dangers. Hypothèses « vides » et hypothèses légitimes. Querelle des méthodes. Induction et déduction. Le vrai mérite de l’école de Cos. — VII Le fondateur de la psychologie ethnique. Les hippocratiques et le « divin ». Essais de science rigoureuse. Un penseur noble et profond.


I


La nation grecque a plus d’un titre de gloire. Il lui a été donné, ou du moins il a été donné aux grands génies qu’elle a produits, de faire les plus brillants rêves spéculatifs. N’avaient-ils pas reçu le don de créer, par la poésie ou les arts plastiques, des chefs-d’œuvre incomparables ? Il est toutefois une autre création de l’esprit grec que l’on peut qualifier non seulement d’incomparable, mais d’unique : la science positive ou rationnelle. Nous pouvons nous glorifier aujourd’hui de la souveraineté que nous exerçons sur la nature grâce à la connaissance que nous avons acquise de ses lois ; chaque jour, nos regards pénètrent plus profondément non pas sans doute l’essence des choses, mais la suite des phénomènes ; les sciences de l’esprit, suivant