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Le reste de l'astronomie d'Anaxagore 06 n'est guère que la reproduction des théories de ses devanciers milésiens. On serait presque tenté d'attribuer au grand homme un peu de la suffisance qu'Hérodote a si amèrement reprochée aux Ioniens des douze Cités, tellement il se montre peu accessible aux influences intellectuelles qui ne proviennent pas de sa patrie. La sphéricité de la terre, proclamée par Parménide, lui était inconnue ou lui paraissait inadmissible. D'accord avec Anaximène, il regarde la terre comme un disque plat immobile dans l'espace. Mais ici nous nous trouvons en présence d'une difficulté insoluble pour le moment, et qui a même à peine été aperçue 07 . A ce qu'Aristote nous assure, il se représentait la terre sous forme d'un couvercle qui forme le centre du Kosmos et qui repose sur l'espèce de coussin formé par l'air emprisonné sous lui ; d'autre part, si l'on en croit des témoignages également dignes de foi, il enseignait que les astres se meuvent au-dessous de la terre. Comment concilier ces deux théories ? Dans les temps primitifs, sans doute, selon lui, les astres se mouvaient latéralement à la terre, et par conséquent ne descendaient jamais au-dessous d'elle. L'inclinaison de l'axe terrestre, qui semble avoir contredit le besoin de régularité si vivement ressenti par notre philosophe, et dont il n'indique pas la cause, ne date, à son avis, que d'un, temps relativement récent, postérieur en tout cas au commencement de la vie organique. Anaxagore estimait évidemment que l'extraordinaire phénomène de l'apparition des animaux et des végétaux supposait des conditions tout autres que les conditions actuelles, et se conciliait peut-être mieux avec le règne d'un perpétuel printemps qu'avec les changements de saisons. L'idée qu'il se fait de la grandeur des corps célestes est très enfantine. Le contour du soleil, disait-il, était plus grand que celui du Péloponnèse.