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aux mêmes lois que les autres accumulations, grandes ou petites, de matière. Ses contemporains se plaignent sans cesse qu'il ait vu dans le soleil non plus le dieu Hélios, mais ni plus ni moins qu'une « masse ignée ». Sur un point seulement de sa théorie, toute mécanique et physique quant au reste, de la formation du ciel et de l'univers, il s'est vu forcé d'admettre une intervention ; encore cette intervention n'a-t-elle lieu qu'une fois. Mais cette première impulsion, par laquelle l'Univers, jusqu'alors au repos, entre en mouvement, rappelle de la manière la plus surprenante la première chiquenaude que, selon maint astronome moderne, la divinité a donnée aux astres. Que dis-je ? L'une des hypothèses ne rappelle pas simplement l'autre ; il est plus vrai de dire qu'elles sont à peu près identiques. Toutes deux sont destinées à combler la même lacune dans notre connaissance. Elles répondent exactement au même besoin, à savoir d'introduire dans la mécanique du ciel, à côté de la gravité, une seconde force d'origine inconnue. Que l'on ne se méprenne pas sur notre pensée. Nous n'entendons pas attribuer au penseur de Clazomènes une anticipation sur la doctrine newtonienne de la gravitation, ou la connaissance du parallélogramme des forces ; il ignorait à coup sûr que les courbes décrites par les astres résultent de la combinaison de deux forces, dont l'une est la gravitation, et l'autre la force tangentielle résultant de cette impulsion première. Mais une courte réflexion fera comprendre combien ses idées se rapprochent des principes de l'astronomie moderne. Dans la suite de sa cosmogonie, il enseignait que le soleil, la lune et les étoiles avaient été arrachés du point central de l'Univers - la terre - par la force de la révolution cosmique. Il admettait donc des projections tout à fait analogues à celle que suppose la théorie de Kant et de Laplace sur la formation du système solaire. Il en trouvait la cause dans ce que nous appelons force centrifuge, force qui, toutefois, ne pouvait déployer cet effet avant que cette révolution eût commencé et qu'elle eût acquis une force et une vitesse considérables. D'autre part, à propos de la chute, que nous avons déjà mentionnée, d'une météorite gigantesque, comparable à une meule de moulin, Anaxagore avait déclaré, comme si cette pierre était tombée du soleil, que toutes les masses sidérales s'abîmeraient sur la terre aussitôt que la force de révolution diminuerait et, ne les maintiendrait plus dans leurs orbites. Ainsi les considérations les plus diverses le ramenaient toujours au même point de départ,