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L’ABBAYE DE MOZAT.

pas de limites, surtout lorsqu’elle s’exerçait dans les intérêts de la religion. Le père et même la mère avaient donc le droit de vouer à Dieu des enfants dès leur bas-âge ; ceux-ci prenaient le nom d’oblats.

Leur réception donnait lieu à une cérémonie touchante où le symbolisme romain apparaît tout entier. L’enfant, vêtu de blanc, s’avançait seul au milieu du chœur ; après trois génuflexions, il déposait sur l’autel l’engagement authentique de ses parents qui le consacraient à la vie religieuse et un denier d’argent en témoignage de l’abandon de sa fortune future.

A partir de ce moment, l’oblat appartenait au monastère qui se substituait à tous ses droits ; il était mort civilement. — Placé sous l’autorité directe du chantre, il était élevé à l’école du couvent ; arrivé à l’âge de puberté, il confirmait le vœu de ses parents et devenait novice.

Ce droit excessif de la puissance paternelle reçut de nombreuses modifications ; il fut même supprimé en principe par les chapitres généraux de Cluny, mais la pratique s’en conserva dans un grand nombre de couvents. Bernard de Tranchelyon, qui fut abbé de Mozat au milieu du XIVe siècle, fut voué à Dieu dès sa naissance et même fit profession étant encore enfant, à puero monachus[1].

On devenait oblat par le fait des personnes sous l’autorité desquelles on se trouvait placé, voluntate parentum[2] ; on ne pouvait obtenir le titre de novice que par le consentement personnel librement exprimé et après

  1. Note Wikisource : « moine depuis l’enfance ».
  2. Note Wikisource : « par la volonté des parents ».