l’abbaye entendait être désormais affranchie de toute juridiction étrangère.
Cette audacieuse détermination paraissait de nature à semer l’esprit de révolte dans tous les couvents de la contrée sur lesquels l’influence de Cluny s’était depuis longtemps exercée sans conteste ; c’est pourquoi, dès qu’il en fut instruit, l’abbé Yves de Vergy accourut en Auvergne avec une escorte de quatre prieurs et de seize cavaliers. Il arriva par une nuit d’hiver sous les murs de Mozat, mais il trouva les portes fermées, les ponts-levis dressés, les murailles fortifiées comme pour soutenir un siége et, malgré ses sommations réitérées, Pierre d’Ysserpans, à la tête de ses moines transformés en hommes d’armes, refusa résolûment de le recevoir. L’abbé clunisois vint demander asile à la ville de Riom pour lui et sa suite, et dans son indignation excommunia l’abbé avec tous ceux qui lui resteraient fidèles.
Les foudres de l’Eglise furent longtemps impuissantes à anéantir la résistance d’Ysserpans ; pendant six années il se tint en état de révolte ouverte. Peu soucieux de l’excommunication, il réparait son monastère, enrichissait le trésor de l’église et exerçait sur ses vassaux une autorité souveraine. Jamais peut-être l’abbaye ne fut plus prospère. Mais la division finit par se mettre parmi les religieux, dont quelques-uns, sur les incitations du moine Bertrand qui avait pris le titre d’abbé, se rangèrent dans le parti de Cluny. Vivement attaqué au dehors, combattu au dedans, Ysserpans tenta de se créer un appui ; il