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L’ABBAYE DE MOZAT.

successeur à Hugues de Semur son propre frère, Eustache de Montboissier, qui gouverna l’abbaye de 1131 à 1147.

Ces abbés furent pour Mozat de véritables réformateurs. Ils s’appliquèrent à faire disparaître les habitudes d’oisiveté qu’avaient engendrées les grandes richesses du monastère. Ils réduisirent les dépenses, employèrent le superflu à des fondations pieuses et remirent en honneur la prière et le travail.

Chacun désormais eut sa tâche assignée. Les uns, dépouillant le froc de laine, dirigeaient les travaux de la terre ; fraternellement confondus avec les vilains et les serfs, ils défrichaient les forêts, desséchaient les étangs et appliquaient leur intelligence à améliorer la culture des terres qu’ils savaient au besoin défendre par la force contre les incursions des déprédateurs. D’autres réparaient le cloître, embellissaient l’église et gravaient sur la pierre les ornements symboliques de la foi. D’autres multipliaient par des copies fidèles les œuvres des Pères de l’Eglise, des historiens et des philosophes de l’antiquité. D’autres enfin dirigeaient l’école du monastère, où devaient venir étudier plus tard les Génébrard, les Sirmond, les Duprat.

Ainsi, chacun avait son rôle dans cette république fondée sur le travail et l’abnégation. On acceptait la tâche journalière sans murmure, on la remplissait avec amour ; pas de jalousie, pas de rivalité ambitieuse ! L’ambition et la jalousie sont les fruits de l’intérêt personnel, et chaque moine n’avait en vue que l’intérêt du monastère.