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L’ABBAYE DE MOZAT.

droit aux demandes du comte Robert et de Guillaume son fils, nous accordons, en vertu de notre autorité royale et pour le salut de notre âme, que ledit monastère, avec les biens qui lui appartiennent, soit remis entre les mains du vénérable Hugues, abbé de Cluny, et après lui à tous ses successeurs, pour le posséder à perpétuité et y ramener l’observance de la vie régulière. »

Dans cette même année, les moines de Mozat avaient eu d’autres démêlés avec leur évêque. Pour se venger de ce prélat, ils avaient envoyé des émissaires au-devant d’Urbain II, qui venait à Clermont prêcher la première croisade, et lui avaient demandé la déposition de Durand. Le pape blâma cette audacieuse démarche et, pour donner à l’évêque une preuve de sa confiance, il décida qu’il prendrait son logement chez lui. « Le prélat, dit la chronique, en fut extrêmement consolé. »

Ainsi furent énergiquement réprimés cette tendance destructive de tous les devoirs du cloître, ce désir d’affranchissement de la règle dont nous aurons plus tard à enregistrer de si nombreux témoignages. Néanmoins, une dépossession si humiliante n’eût pas été facilement acceptée, si la maison de Cluny n’eût eu pour la faire exécuter le prestige que lui donnaient déjà la protection des plus grands princes et l’illustration de ses chefs. Cluny, en effet, ne dominait pas uniquement par l’autorité des chartes royales et des bulles canoniques ; elle maintenait surtout sa suprématie par la sagesse de ses

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