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nête mais trop jeune pour apprécier les difficultés des choses, avait une fois proposé qu’on retirât ces terres à ceux qui les possédaient en leur en payant le prix, et qu’on les distribuât aux pauvres. Son but était d’arracher ceux-ci à l’indigence et aux habitudes turbulentes qu’entretenait chez eux un désœuvrement souvent forcé ; nous disons forcé, parce qu’à Rome, pays où il n’y avait ni commerce, ni industrie, celui qui ne cultivait pas le sol, se trouvait à peu près sans profession.

Mais, quand depuis des siècles, des biens ont été tranquillement possédés, quand, par succession ou autrement, ils ont été transmis de génération en génération, il est impossible de songer à les enlever à ceux qui en jouissent, sous prétexte qu’en fouillant dans le passé, on trouve quelque vice dans l’origine de la propriété. « Aussi, comme dit un historien de notre temps[1], en parlant de ces projets de lois agraires ; « une translation universelle de la propriété, qui n’aurait pu s’accomplir qu’en versant des torrents de sang, n’aurait point fini les troubles auxquels donnait lieu l’inégale répartition. »

Tiberius Gracchus et ses successeurs

  1. M. Michelet.