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ligent. Se placer ainsi à un rang distingué parmi les siens, n’est-ce pas assez pour l’ambition d’un homme sage ?


SUGER ET SAINT-BERNARD.

Suger est un des hommes dont s’honore le plus notre histoire. Né d’une famille obscure, et d’abord simple moine, il devint, par son mérite, abbé de Saint-Denis et ministre du roi Louis VII[1]. Quand il se vit parvenu à ces hautes dignités, il crut que son rang exigeait de lui une sorte de magnificence, à laquelle, du reste, il était naturellement enclin. Le rigide Saint-Bernard[2], dédaigneux de toute espèce de faste, quoiqu’il fût sorti d’une famille illustre, reprocha à Suger le luxe de ses

  1. Louis VII, dit le Jeune, fils de Louis VI et père de Philippe-Auguste, occupa le trône de France de 1137 à 1180.
  2. Aussi remarquable par son génie et par la force de son caractère que par sa sainteté, saint Bernard s’illustra par ses écrits et par son rôle dans les affaires de l’Église. Il fut en quelque sorte l’arbitre de son siècle. Il naquit à Fontaine près Dijon en 1091.