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de graves abus. Dans une nation, en effet, combien de gens qui, à raison de leur caractère, de leur condition, de leur profession même, sont et seront toujours peu habiles à décider les questions politiques ! Combien aussi d’ambitieux ou d’envieux, toujours prêts à égarer les autres par des mensonges et des flatteries ! Si les gens simples ne savent pas se garer des séductions de ceux-ci, s’ils se laissent guider par eux, au lieu d’écouter des hommes dont les promesses sont beaucoup moins belles, les discours beaucoup moins séduisants, alors de grands maux s’élèvent dans l’État. Athènes avait un gouvernement démocratique, et le peuple d’Athènes était le plus spirituel de la Grèce ; mais il était léger, vain, crédule et surtout grand ami du changement. Aussi, se trouvait-il comme assiégé par une foule de flatteurs qui, pour gagner ses suffrages, exaltaient sa sagesse, sa force, sa valeur. Quand un homme de vertu et de talent était aux affaires, comme sa présence gênait ceux qui voulaient parvenir au pouvoir, aussitôt on mettait en œuvre les calomnies, les promesses, les adulations, et le grand homme ne tardait pas à tomber devant la volonté populaire.