reusement blessé, et, dût mon oncle m’en dissuader, ce qu’il ne fera pas, j’en suis bien sûr, je veux que justice soit faite dans l’intérêt de tous, et que l’assassinat soit puni.
— Monstre ! s’écria ma femme, n’êtes-vous pas déjà suffisamment vengé ? Vous faut-il encore mon pauvre fils pour victime ? Le bon sir William nous protégera, j’espère ; car George est innocent comme l’enfant qui vient de naître : il l’est, j’en suis sûre, et jamais il n’a fait de mal à âme qui vive.
— Madame, répondit le bon baronnet, votre intérêt pour lui ne peut être plus vif que le mien ; mais j’en suis désolé, son crime est trop évident, et si mon neveu persiste… » Jenkinson et les deux aides du geôlier entrèrent en ce moment, et toute notre attention se porta sur eux. Ils ramenaient un homme de haute taille, fort bien mis, et, de tout point, conforme au signalement déjà donné du misérable qui avait enlevé ma fille. « Le voici, cria Jenkinson, en le poussant dans la chambre ; le voici ! nous le tenons ; si jamais il y eut candidat pour Tyburn, c’est bien lui ! »
M. Thornhill, en apercevant le prisonnier et Jenkinson qui avait la main sur lui, sembla tressaillir et reculer d’effroi. La pâleur du remords lui couvrit le visage, et il allait sortir, quand Jenkinson, qui le devinait, l’arrêta : « Comment ! Squire, rougissez-vous de vos deux vieilles connaissances, Baxter et Jenkinson ? Voilà comme tous les grands oublient leurs amis ; mais j’y suis bien décidé, nous ne vous oublierons pas, nous ! Notre prisonnier, avec la permission de Votre Honneur, ajouta-t-il en se tournant vers sir William, a déjà tout avoué. Le gentleman qu’on disait si dangereusement blessé, le voici. C’est M. Thornhill qui, le premier, l’a jeté dans cette mauvaise affaire ; M. Thornhill qui lui a prêté l’habit que vous lui voyez, pour lui donner l’air d’un gentleman ; M. Thornhill qui lui a fourni la chaise de poste. Voilà ce qu’il déclare. D’après le plan arrêté entre eux, il devait, lui,