tance que mon fils avait sauvés au commencement de l’incendie. Tous nos voisins s’efforcèrent, autant qu’ils purent, d’alléger notre détresse. Ils nous apportèrent des vêtements, et meublèrent d’ustensiles de cuisine un des communs de notre habitation, en sorte qu’au lever du jour, nous avions un asile, un pauvre asile, il est vrai. L’honnête Flamborough et ses enfants ne furent pas les moins empressés à nous fournir tout ce qui nous était nécessaire, et à nous prodiguer toutes les consolations que peut imaginer une bienveillance naturelle.
Les craintes de ma famille, un peu dissipées, firent place au désir de connaître le motif de ma longue absence. Je leur en contai tous les détails, et les préparai à la réception de notre brebis égarée ; car, bien que nous n’eussions plus à partager avec elle que la misère, je voulais assurer sa bienvenue à ce qui nous restait. Ma tâche eût été plus difficile sans notre récente catastrophe qui avait humilié l’orgueil de ma femme, qui l’avait émoussé par de plus poignants chagrins. Ne pouvant aller moi-même chercher ma pauvre fille, parce que mon bras me faisait beaucoup souffrir, j’envoyai Moïse et Sophie, qui furent bientôt de retour, soutenant la pauvre pécheresse. Elle n’eut pas la force de lever les yeux vers sa mère que toutes mes exhortations n’avaient pu décider à une réconciliation complète ; car les femmes gardent, à une faute de femme, bien plus de rancune que les hommes. « Cette habitation, madame, dit la mère, va vous sembler bien misérable, après tant de plaisirs et de luxe. Nous sommes, ma fille Sophie et moi, de peu de ressource pour les personnes qui n’ont hanté que le grand monde. Oui, miss Livy, nous avons, votre pauvre père et moi, bien souffert dans ces derniers jours ; mais le ciel, j’espère, vous pardonnera ! » Pendant cette allocution, l’infortunée victime était là, pâle, tremblante, sans pouvoir pleurer ni répondre ; je ne pus rester plus longtemps spectateur de son affreuse situation. Donnant à mon ton et à mon maintien une dose de sévérité qui ne manquait