habitation. Voulant préparer ma famille à recevoir Olivia, je résolus de la laisser, cette nuit, dans l’auberge, et de revenir avec Sophie la chercher de bonne heure le lendemain. La nuit arriva avant que nous eussions atteint notre station. J’y trouvai pour ma fille une chambre convenable, et, après avoir donné à l’hôtesse l’ordre de préparer tout ce qu’il lui fallait pour se refaire des fatigues de la journée, je l’embrassai et je pris le chemin de ma demeure.
Mille sensations délicieuses faisaient battre mon cœur à mesure que j’approchais de ce paisible séjour ; je ressemblais à l’oiseau qu’un moment de frayeur a chassé de son nid ; mes impatients désirs, devançant mon pas que je m’efforçais de hâter, voltigeaient autour de mon coin du feu chéri, avec tous les transports de l’attente ; j’amassais tout ce que j’avais de douces choses à dire ; j’anticipais sur la bienvenue dont quelques instants me séparaient ; je sentais déjà le tendre embrassement de ma femme ; je souriais à la joie de mes jeunes enfants. Mais, comme je marchais lentement, la nuit avançait. Tout ce qui avait travaillé, pendant le jour, reposait ; les lumières étaient éteintes dans chaque chaumière ; on n’entendait au loin, dans l’espace, que le chant perçant du coq et le sourd aboiement du chien de garde. Je touchais à mon asile bien-aimé, et, avant que j’en fusse à cent pas, notre dogue fidèle, accourant à moi, me saluait de ses caresses.
Il était minuit environ quand j’avançai pour frapper à ma porte ; tout était calme et silencieux, un bonheur ineffable dilatait mon cœur. Tout à coup, ô surprise !… je vois un jet de flamme s’élancer de la maison, et l’incendie rougir toutes les ouvertures. Je pousse un cri perçant, convulsif, et je tombe sans mouvement sur le trottoir. À ce cri, mon fils qui dormait se lève épouvanté, aperçoit la flamme, réveille ma femme et ma fille. Tous, nus, effarés, se précipitent dehors ; leurs cris me rappellent à la vie, et alors nouvelle scène d’effroi !… La flamme avait gagné le comble qui croulait par parties, tandis que