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sauve, car il n’y avait plus moyen pour lui de rester en Écosse. Là il étudie, comme à Édimbourg, comme à Dublin, comme il avait étudié à Londres ; saisissant à la volée quelques leçons qui s’élaborent spontanément dans son esprit, donnant le reste de son temps à la distraction, au plaisir, et payant à tout prix quelques piquantes observations de mœurs qui ont depuis enrichi ses ouvrages, mais qu’il allait rarement chercher dans la bonne compagnie : au demeurant, naïf, sincère, affectueux, plein de cœur et d’honnêtes sentiments, comme l’écolier d’Elphin, et faisant passer avant toutes ses dépenses l’acquisition de quelques fleurs destinées à cet excellent M. Contarine, son aveugle et patiente providence, qui aimait les fleurs comme un Hollandais. Les plantes rares sont fort chères à Leyde ; il y avait bien des plaisirs faciles dans le prix d’un oignon de tulipe ; mais cette considération n’arrêtait jamais Olivier quand il avait de l’argent. Le regret de manquer une bonne occasion d’enrichir le petit jardin de son oncle dut, en revanche, le désoler plus d’une fois quand il n’en avait pas, et cela lui arrivait souvent.

Olivier s’était donc approprié une multitude d’idées qui devaient lui servir de ressources quand il aurait épuisé toutes les autres, mais que le temps, la réflexion et le malheur n’avaient pas encore mûri. Il venait de finir ses cours sans s’être procuré le moyen d’exercer un état, et récapitulait amèrement tant de connaissances acquises dont aucune ne pouvait fournir aux nécessités les plus urgentes de sa vie, lorsqu’il se rappela tout à coup qu’il savait un peu jouer de la flûte. Oh ! quel ravissement ne dut pas remplacer son déses-