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COMÉDIE.

Le ciel connaît mon innocence, et l’injustice de ses soupçons. Je rougis de la nécessité où je suis de me justifier. La soumission cependant n’est jamais inutile ; et un époux qui m’a comblée de tant de bienfaits mérite bien que je me jette à ses pieds, quoique innocente, pour le supplier de m’entendre.

Mme Jeffre.

Je ne sais qu’en dire mais, à votre place, je ne serais ma foi pas aussi bonne. Peut-être ferais-je plus mal que vous, et il est possible qu’avec de la douceur, vous parveniez à l’éclairer.

Paméla.

Qui sait si mon père n’a rien appris encore de ce triste événement ?

Mme Jeffre.

Je ne l’ai point vu, et je ne saurais vous le dire.

Paméla.

Je veux aller m’en assurer. (Elle va pour sortir.)

Mme Jeffre.

Non ; restez et ne perdez point l’occasion de voir Mylord, avant qu’il sorte de chez lui.

Paméla.

Eh bien ! allez donc trouver mon père, et sachez me dire s’il n’a rien appris encore de ce qui se passe aujourd’hui.

Mme Jeffre.

Oui, soyez tranquille restez ici ; et puisse le ciel appaiser le trouble de votre cœur. (Elle sort.)