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COMÉDIE.

de Lincoln m’apporter quelque consolation, je verrai le terme de mes ennuis.

Quel feu me dévore… ! Je n’en puis plus !


Mon mari vous verra avec plaisir.

Non, perfide, non ; l’excès de ma complaisance ne me fera pas connaître un rival… Que dis-je ! un rival ? Artur est un profanateur impie des lois de l’honneur et des droits de l’amitié. Femme ingrate… ! Il était donc possible que Paméla fût ingrate ! Hélas ! il n’est que trop vrai : il ne me reste plus de moyen d’en douter. Je n’ai point voulu croire Ernold ; j’ai refusé d’écouter ma sœur… Jeffre est d’accord avec eux : Artur est un imposteur, Paméla une infidelle… Mais ces frayeurs, ces larmes, ces douces paroles… Ah ! tous ces piéges sont familiers aux femmes ; et la meilleure est celle qui trompe le plus habilement. Mais je saurai démasquer l’imposture, punir la perfidie, et me venger de l’infidélité ! Elle mourra… Qui ? grand dieu ! Paméla ! Paméla mourra ! Fatal arrêt ! ah ! je mourrai moi-même en le prononçant, et la seule pensée m’en assassine d’avance !

Fin du premier Acte.