Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome II, 1801.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
55
COMÉDIE.

Bonfil.

Si cela vous fait de la peine, ne venez pas.

Paméla.

Je ne puis qu’être satisfaite, quand je suis auprès de vous.

Bonfil.

Voulez-vous que nous invitions de la compagnie ?

Paméla.

Mon goût particulier ne serait pas d’avoir du monde.

Bonfil.

Engageons-nous Artur à nous accompagner ?

Paméla.

Mylord Artur me déplairait moins qu’un autre.

Bonfil.

Vous aimez la société de Mylord ?

Paméla.

Je ne la désire point : mais je ne serais pas fâchée qu’il s’y trouvât.

Bonfil (à part.)

Oui, je la crois innocente. Écartons tout soupçon à son égard. (Haut.) Nous n’aurons personne pour l’instant : mais si vous vous ennuyez, nous reviendrons à Londres.

Paméla.

Ah ! je ne suis occupée que de mon père.

Bonfil.

Parlez-lui : assurez-le bien que ses intérêts, que les vôtres, ne s’éloignent pas un moment de ma pensée… Songez au départ.

Paméla.

Je serai prête, quand il vous plaira de partir.

(Elle sort.)[1]
  1. Nous savons bien bon gré à l’auteur de la pièce française d’avoir traduit toute cette scène avec la plus scrupuleuse fidélité, et d’en avoir sur-tout conservé précieusement la simplicité originale. Il a senti avec raison, qu’ajouter un mot, c’était la gâter ; et que s’il est des cas où l’on doive s’efforcer de surpasser son modèle, précisément parce qu’on lui est, en général, très-inférieur, il en est d’autres aussi, où la gloire du traducteur peut et doit se borner à le suivre de très-près.