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Comédie.

Don Ambroise.

Et ne seriez-vous point venu pour me la demander en mariage ?

Le Chevalier.

Illustre don Ambroise ! comment diable avez-vous deviné ce secret-là ?

Don Ambroise.

Les caresses que vous me faisiez me semblaient avoir un but.

Le Chevalier.

Eh bien ! vous vous trompez. Je vous ai toujours voulu du bien, je ne cesserai jamais de vous en vouloir ; et je désire vous voir bientôt une épouse jeune, belle et sur-tout sans dot.

Don Ambroise.

Nous reviendrons sur cet article. Si je me marie jamais, j’épouserai sans dot ; et votre exemple deviendra la règle de ma conduite.

Le Chevalier.

Vous le savez, je ne suis pas intéressé.

Don Ambroise (à part.)

Il ne se dément pas jusqu’ici. (Haut.) Voulez-vous que j’en parle à Eugénie ?

Le Chevalier.

Vous pouvez le faire à loisir. Il me suffit, pour le moment, de savoir si, de votre côté, cela vous ferait plaisir.

Don Ambroise.

Le plus grand plaisir. Je serais bien fou, bien ennemi de ma chère Eugénie, si je m’opposais à son bonheur. Un Cavalier qui l’adore, et qui, pour preuve de son amour, ne demande pas un sou de dot. Malepeste ! à ces nobles conditions, je vous donnerais ma propre fille.