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Comédie.

y en a, si je suis forcé de la donner, je prendrai du moins toutes mes suretés pour que la pauvre Eugénie ne se trouve pas un jour réduite à l’affreuse indigence.

Le Comte.

Ma maison n’a-t-elle pas de quoi en répondre ?

Don Ambroise.

Je vous dis franchement ce que je pense. Si l’amour seul de la personne vous engageait à songer au mariage, la dot vous causerait beaucoup moins d’inquiétude.

Le Comte.

Je n’en ai parlé que par occasion.

Don Ambroise.

Et je termine en quatre mots : donna Eugénie a été l’épouse de mon fils ; je lui tiens lieu de père ; et quand elle aura envie de se remarier, j’y penserai.

Le Comte.

Et si elle est actuellement dans cette intention-là ?

Don Ambroise.

Qu’elle m’en instruise.

Le Comte.

Supposez que je vous parle en son nom.

Don Ambroise.

Supposez que vous êtes Eugénie, et écoutez ma réponse : le comte de l’Isle n’est pas pour vous.

Le Comte.

Pourquoi donc ?

Don Ambroise.

Parce que c’est un avare.

Le Comte.

Trève aux mauvaises plaisanteries : je ne les aime pas. Don Ambroise, expliquez-vous sérieusement.