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Comédie.

Le Comte.

Pourquoi donc ce langage ?

Don Ambroise.

Comment ! regardez-vous comme une petite dépense pour un homme ruiné, d’avoir une femme chez lui ?

Le Comte.

Plus sa présence vous fatigue, plus vous devez songer à la remarier.

Don Ambroise.

Que l’occasion ne se présente-t-elle de le faire ?

Le Comte.

L’occasion ne peut se présenter plus à propos. J’aspire à sa main, et je vous supplie de me l’accorder.

Don Ambroise.

Ayez son consentement, et je vous réponds du mien.

Le Comte.

Je crois que je ne me flatte pas en vain de la voir y souscrire.

Don Ambroise.

En ce cas, c’est une affaire faite. Je parlerai à Eugénie, et si vous voulez recevoir sa main ce soir, je ne vois plus rien qui s’y oppose.

Le Comte.

Quand j’aurai son consentement formel, nous dresserons le contrat.

Don Ambroise.

À quoi bon un contrat ? À quoi bon dépenser inutilement de l’argent ? Ne vaut-il pas bien mieux manger en famille celui que vous vous proposez de donner au notaire ?

Le Comte.

Mais nous ne pouvons nous dispenser de dresser un écrit, ne fût-ce que pour stipuler la dot.