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Comédie.

Le Comte.

Oui, Monsieur.

Don Ambroise.

Qu’y a-t-il pour votre service ?

Le Comte.

L’objet qui m’amène auprès de vous est d’une si grande importance, qu’il me fatigue singulièrement.

Don Ambroise.

Si c’était par hasard (je ne dis pas cela pour vous offenser) l’intention de m’emprunter quelque argent, je vous préviens que je n’en ai point.

Le Comte.

Grâces au Ciel, des motifs aussi bas ne me mettent point dans le cas d’importuner mes amis.

Don Ambroise.

Je vous le répète ; excusez-moi. Les dépenses que l’on fait aujourd’hui réduisent les plus riches à la nécessité d’emprunter, et ce n’est plus une honte de demander de l’argent. Je ne m’en trouve pas ; mais s’il s’agit d’obliger un galant homme, j’ai un ami duquel je pourrais me flatter d’obtenir quelques centaines d’écus, moyennant, toutefois, une honnête reconnaissance.

Le Comte.

Mais je n’ai pas besoin d’argent.

Don Ambroise.

J’en suis enchanté. Si jamais vous vous trouviez dans le cas d’en avoir besoin, vous ou quelqu’autre, vous savez à qui vous adresser. Je n’ai pas un sou : mais j’en trouverai quand il le faudra.

Le Comte.

Vous avez une belle fille, Monsieur.

Don Ambroise.

Plût au Ciel que je ne l’eusse point !