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COMÉDIE.

bonnes par-tout ailleurs. Mais à Londres, un gentilhomme ne déroge point à sa noblesse, en épousant une fille pauvre et sans nom, mais honnête. Ce n’est point la bassesse supposée de sa condition qui m’animait contre Paméla ; je voyais seulement avec peine le germe d’une ambition cachée, qui déjà me paraissait se développer en elle : mylord Artur, qui n’est point de vos parens, ne pouvoit faire cette remarque. Il y a plus, en rapprochant sa conduite d’alors de ses fréquentes entrevues d’aujourd’hui on pourrait hasarder la conjecture qu’il ne vous conseillait de renoncer à Paméla, que pour en faire lui-même sa conquête.

Bonfil.

Votre imagination va beaucoup trop loin.

Myladi.

Croyez-moi, mon frère ; je me trompe rarement.

Bonfil.

Je crois cependant que vous êtes dans l’erreur aujourd’hui.

Myladi.

Je le désire, sans m’en flatter.

Bonfil.

Quoi ! vous pensez qu’il y a eu de l’amour entre mylord Artur et Paméla ?

Myladi.

Peut-être.

Bonfil.

Peut-être ?

Myladi.

Je n’y vois point de difficulté.

Bonfil.

Et j’y en trouve, moi, beaucoup. Artur et Paméla sont deux ames nourries des principes de la vertu.