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COMÉDIE.

Myladi.

Dans ces sortes d’affaires, les amis peuvent souvent bien plus que les ennemis.

Bonfil.

Son caractère m’est connu.

Myladi.

Ne pourriez-vous pas vous tromper par hasard ?

Bonfil.

Vous voulez chasser la paix de mon ame.

Myladi.

Je suis jalouse de votre honneur.

Bonfil.

Avez-vous de bonnes raisons à me donner, pour justifier mes doutes à cet égard ?

Myladi.

Le chevalier m’a dit…

Bonfil.

Ne me parlez point du chevalier. Sa prudence n’est plus un problème pour moi, et je n’ajoute aucune foi à ses discours.

Myladi.

Vous ferai-je part d’une pensée qui m’est venue ?

Bonfil.

Oui, quelle est-elle ? voyons.

Myladi.

Vous rappelez-vous avec quel zèle, avec quelle force de raisonnemens, Artur vous détournait du projet d’épouser Paméla ?

Bonfil.

Sans doute je m’en rappelle ; et que concluez-vous des conseils que me donnait cet excellent ami ? N’étaient-ils pas fondés sur la raison ?

Myladi.

Mon frère, les raisons d’Artur pouvaient être fort