on s’embarque, et l’on arrive, à peu de frais, à l’embouchure du Mincio.
Et de là à Mantoue ?
À pied, mon ami.
Les jeunes gentilshommes de mon rang ne voyagent point ainsi.
Et les gens de ma classe déclarent à ceux de la vôtre, que la maison d’un pauvre homme, comme moi, n’est point un séjour digne d’un Docteur comme vous.
Scène III.
Voilà donc où l’avarice conduit les hommes !
Avec de la noblesse et de la fortune, don Ambroise
se regarde comme le dernier, comme le plus malheureux
des hommes. On est forcé d’être de son avis :
ce sont les actions, en effet, qui donnent de l’éclat
à la noblesse ; et c’est au bon usage que l’on en
fait, que les richesses sont redevables de leur valeur.
Je devais quitter cette maison dès l’instant que
don Fabrice, mon ami, a cessé de vivre, et c’est
précisément sa mort qui m’y arrête. Oui, le respect
que j’eus pour donna Eugenie tant que son époux
a vécu, s’est changé en amour depuis qu’elle est
veuve, et mon espérance toujours alimentée…
Mais quelle espérance de voir mes vœux jamais
contens, si, de quelque côté que se tournent mes
regards, ils ne voient que des obstacles à mon amour !