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Moliere

de l’auteur italien : c’était en faire l’éloge. Tous ses changemens se portèrent donc sur des objets de détails, et ils sont en général très-heureux. D’abord au Léandre de l’original, M. Mercier a substitué Chapelle, dont Goldoni s’était proposé de donner une idée dans son Léandre. Valere a été remplacé par le comédien La Thorillière. Indépendamment de ces changemens, l’imitateur a ajouté quelques scènes à la pièce italienne : nous en remarquerons deux sur-tout, l’une qui commence la pièce, et où le valet de Moliere met en papillotes la traduction que son maître avait faite de Lucrece en vers français ; l’autre qui se trouve au cinquième acte et où une jeune personne vient se présenter pour être reçue dans la troupe de Moliere, qui, apprenant que c’est une fille bien née, que l’indigence et l’abandon réduisent à cet état, lui donne une lettre de recommandation pour le chef d’une manufacture de province, et pourvoit à ce qu’elle obtienne de son travail une subsistance honnête. La scène du poëme en papillotes est gaie, et annonce très-bien, dès le commencement de l’ouvrage, les impatiences naturelles et la bonté de Moliere. Quant à la scène de la jeune fille, elle est intéressante, mais déplacée peut-être dans un cinquième acte, où elle forme une épisode qui retarde le dénouement. Dans tout le reste de sa pièce, M. Mercier a scrupuleusement suivi la marche de Goldoni, qu’il se borne quelquefois à traduire. Presque par-tout il étend, il développe ou fortifie la pensée originale, qui y perd rarement ; et, si l’on en excepte quelques phrases un peu singulières pour l’expression, ou quant