Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome II, 1801.djvu/386

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
383
Comédie.

démarches sont connues du public. Ô Moliere ! ô ma vie, mon espérance, mon unique trésor, concevez l’excès de mon amour, puisque la seule idée de vous perdre est pour moi le coup de la mort. Ah ! que tant de soupirs ne soient pas perdus !

Moliere.

Je n’y résiste plus… Voilà ma main : vous êtes mon épouse.

Isabelle.

Ô momens ! ô bonheur ! que ma mère frémisse et meure de jalousie !

Moliere.

Demain, nous confirmerons ces nœuds aux autels.

Isabelle.

Donnez-moi, du moins, l’anneau.

Moliere.

Tenez. (Il tire une de ses bagues et la donne à Isabelle.)

Isabelle.

Oh ! cher époux, qu’elle est belle ! que mon doigt la reçoive de votre main.

Moliere.

Volontiers ; recevez la donc de moi. (Il prend la bague et la lui met au doigt.)

Isabelle.

Que ma mère vienne actuellement jouir de mon triomphe !

Moliere.

Il ne faut pas, ma chère, que nous restions seuls ici.

Isabelle (s’adressant à l’anneau.)

Qu’il me va bien ! que je suis fière de le posséder !

Moliere.

J’ai des amis à souper ; cette scène ne manquerait pas de leur paraître très-ridicule. Entrez dans cette chambre ; vous y serez en sureté.