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Comédie.

produisent sur vous la même impression, je vous annonce qu’Isabelle sera mon épouse, en dépit de vous.

La Béjart.

Non, elle ne le sera pas, non ; dussé-je périr la première ! Je suis mère, et j’ordonnerai, à ma fantaisie, du sort de ma fille. (Elle sort.)


Scène VI.

MOLIERE, ensuite VALERE.
Moliere.


J’ai achevé d’irriter son orgueil… Ah ! que du moins l’innocente Isabelle ne soit pas la victime de sa colère ! je la suivrai de loin : la soirée s’avance… Je me tiendrai dans le voisinage de son appartement.

(Il s’approche du côté par où la Béjart est sortie.)
Valere.

Mon ami ! je partage les applaudissemens que l’on vous prodigue ! vive à jamais l’auteur du Tartufe !

Moliere.

Eh bien ! que disent les méchans ?

Valere.

Tout le monde vous rend justice. Que monsieur le comte de Frezza vienne nous dire à présent : la nature ! la nature ! voilà ce qui manque aux ouvrages de Moliere.

Moliere.

Le Comte est un ignorant, un partisan absurde du vieux costume.

Valere.

Et votre ami Leandre qui disait aussi : il y a du bon, il y a du mauvais !