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COMÉDIE.

celui-ci aura formé des soupçons injurieux à mon épouse, et la vengeance lui aura inspiré le dessein de la tourmenter. Non, Artur n’est point capable… Pourquoi cependant ne se pas justifier en présence du chevalier ? pourquoi s’emporter à ce point ? Pourquoi provoquer une contestation ? Il faut de fortes raisons pour prendre un tel parti… Artur est un galant homme ; Artur est mon ami… Mais il est homme comme moi, et ma Paméla est adorable ! oui adorable ; et c’est pour cela précisément que je rougis déjà d’avoir pu douter un moment de sa vertu. Ce sont moins ses attraits encore qui la rendent aimable, que son honnêteté. À des mœurs naturellement honnêtes, elle joint aujourd’hui la connaissance de son origine, le respect du nœud sacré qui l’unit à moi, et la reconnaissance pour un époux qui l’adore. Non, non ; mon cœur n’a rien à redouter ni d’Artur ni de Paméla. Ernold est un traître, un imposteur ; je lui ai pardonné un premier tort, je ne lui en pardonnerai point un second. Hola ! quelqu’un ?

Isac.

Monsieur.

Bonfil.

Où est le chevalier ?

Isac.

Dans la galerie avec myladi Daure.

Bonfil.

Elle est ici, ma sœur ?

Isac.

Oui, Monsieur.

Bonfil.

A-t-elle vu mon épouse ?

Isac.

Non, Monsieur.

Bonfil.

Que fait-elle donc ? Pourquoi ne pas entrer ?