Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome II, 1801.djvu/336

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
333
Comédie.

tandis que le cœur frémit d’un juste courroux ! Allons… Mais j’ai laissé mon rôle sur la table. La Forêt ! La Forêt ! elle n’entend pas.

Valere.

J’irai voir…

La Béjart.

Si vous ne le trouviez pas, je serais doublement mécontente. Restez avec Isabelle, je reviens dans la minute. (Elle sort.)


Scène XII.

ISABELLE, VALERE, ensuite MOLIERE.
Valere.


Ne redoutez rien de la colère de votre mère : Moliere vous adore, et fera un jour votre bonheur.

Isabelle.

Ah ! je ne tiens plus à tant d’injures si souvent répétées ! cette cruelle mère réduira mon cœur au désespoir ! elle ne me laisse pas respirer un moment : menaces, insultes, mauvais traitemens même… Je sèche, je me consume dans la douleur ; je ne sais plus ce que je fais. Comment est-il possible que je plaise désormais sur le théâtre ?

Moliere.

Ma chère Isabelle ! ramenez la sérénité dans ces regards enchanteurs. J’ai songé aux moyens de finir vos maux.

Isabelle.

Moliere, ô Ciel ! ma force m’abandonne.