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Comédie.

la gloire de son nom. Maître consommé dans son art, il sait tout, voit tout, s’occupe des grands objets sans dédaigner de descendre aux plus petits détails. Ô France ! quel bonheur pour toi, d’avoir donné le jour à ce grand homme qui fonde chez toi l’empire de la comédie ! c’est une gloire qui est bien à lui, et que n’altèreront jamais ni Scaramouche, ni Zanni, ni Fiametta.


Scène IX.

VALERE, MOLIERE (habillé en Tartufe, avec le manteau et le chapeau de Pirlon, la chevelure et les moustaches semblables aux siennes.)
Moliere.


Eh bien ! comment me trouvez-vous ? Suis-je bien comme cela ?

Valere.

Oh ! l’excellente figure ! Il est impossible d’atteindre à une plus exacte ressemblance ; c’est Pirlon en personne.

Moliere.

Que le fourbe reste enferme ici, jusqu’à ce que ses habits aient joué leur rôle. Mais l’heure approche de se rendre au théâtre : il est bientôt quatre heures. Voyez un peu si ces dames nous feront la grâce de se dépêcher, et si leur toilette s’avance. Vous connaissez les intentions du roi ; il entend que le spectacle finisse de bonne heure.

Valere.

Voici la Béjart et sa fille.

Moliere.

La colère étincelle dans les yeux de la mère : la tendre amour brille dans ceux de la fille.