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Comédie.

La Forêt.

Un exprès est venu le chercher ; le tribunal le mande. Ce sera, sans doute, au sujet du Tartufe.

Pirlon.

C’est un homme perdu, vous dis-je. Les galères, ou la prison tout au moins, voilà son sort : cela lui apprendra à jouer les gens de bien !

La Forêt.

Mais la charité fraternelle est donc muette chez vous ?

Pirlon.

Un homme aussi coupable ne nous inspire aucune compassion. Mais parlons d’autre chose. Que me voulez-vous, ma fille ? Un jeune homme m’est venu dire que vous me demandiez.

La Forêt.

Que le Ciel récompense votre zèle ! il me tardait de vous apprendre que j’ai mon congé ; que je soupire après l’instant heureux de me rendre auprès de vous.

Pirlon.

Bien, bien, ma chère… Mais je tremble… (Il examine les portes.)

La Forêt.

Chut ! chut ! attendez. (Elle ferme la porte d’entrée.) Voilà la porte d’entrée fermée. Parlez maintenant librement.

Pirlon.

Ma chère enfant…

La Forêt.

Puisque nous sommes seuls, ne nous gênons pas : asseyez-vous. (Elle lui donne une chaise.)

Pirlon.

Le Ciel soit avec vous ! Mais asseyez-vous donc aussi.

La Forêt.

Oh ! je ne prendrai jamais cette liberté.