Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome II, 1801.djvu/292

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
289
Comédie.

Valere.

Bien obligé, pour ma part. Ah ! çà, et l’auteur où l’envoyez-vous ?

Moliere.

Chez Pluton, donner la comédie aux diables.

Valere.

Mais voilà le langage du désespoir.

Moliere.

C’est le mien.

Valere.

Comment ! qu’est-il donc arrivé ?

Moliere.

Fâchée, je ne sais à propos de quoi, la Béjart, au mépris de son engagement, dispose d’elle et de sa fille, et me soutient en face qu’elles ne paraîtront pas au théâtre. Je lui demande la raison de cette bizarrerie, elle me répond par des injures et s’en va. Vous connaissez l’orgueil révoltant de ces dames ! Je n’ai, quant à moi, ni la patience de les entendre ni le temps de leur répondre.

Valere.

Comment ! l’unique étude de ces belles dames sera donc de ruiner la troupe ? Vos ennemis ne nous ont-ils pas fait déjà faire assez de mauvaises recettes ? Elles vont m’entendre : tous les camarades parleront avec moi, et ne souffriront pas qu’elles nous fassent un pareil tort. Elles joueront mon ami, elles joueront soyez en sûr. J’emploirai, s’il le faut, jusqu’à la menace auprès de ces indiscrettes femelles. (Il sort.)