Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome II, 1801.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
COMÉDIE.

Artur.

Vous n’en pouvez dire autant ni d’elle, ni de moi.

Ernold.

Comment donc ? Je ne pourrai pas le dire ? Je vous trouve seuls dans un appartement : la porte est fermée pour tout le monde. Paméla se fâche, parce qu’on la dérange : vous vous emportez, parce que je vous surprends ; et vous voulez que je vous croie sans passion… ? Allons donc, allons donc : ce n’est point à un voyageur que l’on fait de ces contes-là.

Artur.

Je comprends fort bien qu’un voyageur qui n’a étudié que les ridicules des étrangers, croit difficilement à la vertu.

Ernold.

Je sais distinguer le bon, le ridicule, et l’impertinent.

Artur.

S’il en était ainsi, vous seriez le premier à condamner l’audace de votre procédé.

Ernold.

J’en conviens ; il y a de l’audace à m’être introduit ici malgré sa défense : mais je n’ai point agi sans dessein. Myladi seule, pouvait refuser de me recevoir ; en compagnie, elle ne me devait point faire un semblable affront. La partialité qu’elle montre pour vous ne part point d’une ame indifférente. Je m’en suis justement offensé, et j’ai voulu venger mon outrage, en lui faisant un reproche mérité.

Artur.

Vous êtes coupable à la fois et d’un faux soupçon, et d’un mauvais procédé. Vous ne savez point vous conduire auprès des femmes.

Ernold.

Ni vous avec les hommes.