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COMÉDIE.

plus. Dites-lui, je vous prie, qu’il veuille bien m’excuser ; mais que je suis occupée, et que je ne puis le recevoir aujourd’hui.

Isac.

Cela suffit, Madame.

(Il va pour sortir, et rencontre Ernold, qui le heurte violemment : Isac sort.)

Scène III.

Les Mêmes, le chevalier ERNOLD.
Ernold.


Madame, je brûlais d’impatience de vous pouvoir présenter le bonjour. Je présume bien que cet étourdi de laquais ne vous a pas dit qu’il y a un quart d’heure que je fais antichambre.

Paméla.

Si vous aviez eu la bonté de patienter un moment de plus, ce même laquais allait vous dire que je vous suppliais de vouloir bien me dispenser, pour ce matin, de recevoir votre visite.

Ernold[1].

J’ai donc très-bien fait de prévenir sa réponse : je me serais privé, en l’attendant, du plaisir de vous voir. Je sais, moi qui ai voyagé, que les Dames sont un peu trop avares de leurs bonnes grâces ; et que, pour posséder une faveur, il faut souvent la dérober.

  1. J’ai donc très-sagement prévenu son retour.
    Quand on a voyagé, quand on connaît son monde,
    On sait mettre à profit votre adresse profonde,
    Mesdames : vous savez, avares de faveurs,
    Vous armer à propos de prudentes rigueurs ;
    Et, pour tout dire enfin, soit amour, soit caprice,
    Si vous n’accordez rien, vous aimez qu’on ravisse.

    (Acte Ier, Sc. VIII.)