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COMÉDIE.

Bonfil.

Est-il à votre connaissance qu’un vieillard Écossais se soit présenté chez le Ministre ou même dans les appartemens du Roi ?

Majer.

Je crois en effet l’avoir vu : mais je ne puis vous donner aucuns détails. (À part.) Il n’est pas temps encore.

Bonfil.

Qu’avez-vous à m’ordonner de la part du Secrétaire d’État ?

Majer.

Il est informé de ce qui s’est passé entre vous et votre épouse.

Bonfil.

Et de qui l’a-t-il pu savoir ?

Majer.

Je ne saurais vous le dire. Mais il sait que Myladi votre épouse est accusée d’infidélité ; il sait que vous la croyez coupable que vous voulez intenter un divorce, et qu’elle proteste de son innocence. Le Ministre qui aime, qui respecte votre maison, et qui désire sur-tout de protéger votre honneur, vous conseille, par mon organe, de faire d’abord un examen particulier de cette affaire, avant de la rendre publique. pour éviter le scandale et les sots discours du pays. Il m’a conféré le pouvoir d’en dresser sommairement le procès-verbal. Cela doit se faire dans votre maison sur le simple exposé des personnes informées, et par la confrontation des accusés et des accusateurs. En vertu d’un ordre du Ministre, mylord Artur doit se rendre ici. Faites venir votre épouse ; que myladi Daure, et le chevalier Ernold paraissent également : on sait qu’ils ont les premiers éveillé vos soupçons. Reposez-vous sur moi du soin de faire sortir la clarté du milieu même de la confusion, et de séparer l’erreur de la vérité. Si votre épouse est coupable,