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COMÉDIE.

se jette à ses genoux à côté de lui, sans qu’il s’en aperçoive.) Monsieur…

Bonfil (se retourne et l’aperçoit.)

Grand Dieu !

Paméla.

Cher époux !

Bonfil.

Sortez ; au nom du Ciel, sortez. Vous voulez me porter à des extrémités… Qui, femme indigne de mon amour… va-t-en, je ne veux plus te revoir.

Paméla (se lève et se retire désolée.)
Bonfil (à part.)

Ah ! malheureux !

Paméla (se retourne de son côté.)
Bonfil.

Sortez ; encore une fois, sortez.

Paméla (Elle sort désespérée.)[1]

Scène XIV.

Mylord BONFIL, Monsieur LONGMAN.
Bonfil.


Malheur à moi, si je m’arrêtais à cette pensée… elle a toujours le même pouvoir sur mon cœur. Ses regards, un seul mot de sa bouche m’enchanteraient de nouveau. Oui, le parti en est pris ; je l’ai résolu ; je la repudierai… Mais c’est trop faire attendre dans

  1. Nous regrettons sincèrement que l’auteur de la Paméla mariée, française, n’ait pas disposé son plan de manière à y faire entrer cette scène, d’un effet vraiment dramatique ; où le caractère de Paméla se déploie tout entier, et où les tourmens de l’amour et de la jalousie sont si énergiquement représentés dans la personne de Bonfil. Nous ne craignons pas d’assurer que, jouée comme elle le serait aujourd’hui au théâtre français, cette scène serait universellement applaudie.