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COMÉDIE.

une fois entre deux époux, plus d’espoir d’y voir triompher la paix. Tout ce que l’on fait pour les rapprocher, n’est qu’un raccommodement passager ; et à la plus légère insulte, le sang se rallume, et les querelles se renouvellent. Il vaut mieux trancher tout d’un coup le nœud qui les rassemble ; et puisque nos lois favorisent le divorce dans un cas semblable, il y aurait de l’imprudence à en empêcher l’effet.

Ernold.

Moi qui ai voyagé, je vous pourrais produire cent exemples du contraire.


Scène X.

Les Mêmes, Myladi PAMÉLA, Mme JEFFRE.
Paméla (en entrant, à madame Jeffre.)


Non, Jeffre, non ; je ne refuse point de m’abaisser, même devant mes ennemis. Mais cette démarche sera encore inutile.

Mme Jeffre (bas à Paméla.)

La situation malheureuse où vous vous trouvez, vous force de tenter tous les moyens.

Ernold (à Myladi.)

La voilà, la pauvre Paméla.

Myladi (à Ernold.)

Elle semble rougir de se recommander à moi.

Mme Jeffre (à Paméla.)

Courage ! allons, ne craignez rien.

Ernold (à Pamela.)

Allons, Madame, approchez : de quoi avez-vous peur ?

Paméla.

Ma position affreuse m’avilit et me mortifie au