Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome II, 1801.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
125
COMÉDIE.

Le Comte.

Eh ! que m’importe une telle grâce, si mon sang est déshonoré ? J’ai peu de jours à vivre encore, peu de temps à jouir de la faveur d’un pardon. Oui, je veux mourir, mais mourir avec mon honneur. J’offrirai au trône offensé un coupable presqu’expirant : mais je soutiendrai la cause de ma fille. Le Roi ne confondra point votre innocence avec mon délit ; et je ferai connaître, au prix de mon sang, l’outrage que l’on vous fait. Eh ! quelle preuve plus complète de la vérité, que de voir un tendre père faire le sacrifice volontaire de ses jours à l’innocence de sa fille !

Paméla.

Ah ! puisse le Ciel vous détourner de ce funeste projet.

Le Comte.

Si vous m’aimez, ma fille, ne vous opposez point à une démarche que notre honneur exige impérieusement. Je vous le commande, avec toute l’autorité que j’ai sur vous. Ne me retenez plus, et recommandez-moi au Ciel. Si nous ne nous revoyons plus sur la terre, nous nous retrouverons un jour dans le Ciel. Votre pauvre mère sera peut-être en route pour Londres… Embrassez-la pour moi ; consolez-la, si vous pouvez !… Ma chère fille !… Puisse le Ciel vous bénir à jamais. (Il sort.)

Paméla.

Ah ! je n’y survivrai pas.

Fin du deuxième acte.