Non ; il vaut mieux qu’il l’ignore.
Il est impossible qu’il ne le sache pas à la fin, et infiniment plus dangereux qu’il l’apprenne d’une bouche étrangère. Il pourra croire fondés tous les reproches que l’on vous fait, si vous balancez à lui confier vos chagrins. Permettez que je l’en instruise, je le ferai de manière…
Faites ce que vous jugerez à propos.
Pauvre Paméla ! vous rappelez-vous le temps où Mylord voulait vous enfermer dans cette chambre ? quand il vous donna cet anneau ? Son amour vous effrayait alors ; aujourd’hui, vous redoutez son ressentiment ! Mais autant la douce modestie vous fut utile alors ; autant une noble audace vous devient maintenant indispensable. Ne craignez rien ; exposez vos raisons à qui de droit : et je gage ma tête, que si vous portez votre cause devant un tribunal, la victoire est à vous, et le juge condamné avec dépens. (Elle sort.)
Scène IX.
Jeffre s’efforce en vain de ranimer mon courage ;
accablée du poids de ma douleur……
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Il n’est guère possible
Qu’il l’ignore ; et ce coup lui sera plus sensible,
Plus douloureux cent fois, partant d’une autre main.
On vous peindra coupable, et rien n’est plus certain,
Prévenez les méchans ; exposez-lui vous-même
Les chagrins, les tourmens d’une fille qu’il aime.
Au récit de vos maux, son cœur s’attendrira
Les vengera peut-être, ou du moins les plaindra,
Il est toujours si doux de pleurer près d’un père !
Quand je vous ai paru d’un sentiment contraire,
De quoi s’agissait-il d’un courroux, d’un dépit,
Qu’un instant a vu naître et qu’un autre assoupit :
Et qui ne devait pas avoir de conséquence.
Mais la chose, à présent, est d’une autre importance ;
II s’agit de l’honneur : c’est notre premier bien ;
Nous devons le défendre.(Paméla mariée, Acte IV, Sc. Ire.)