je commence moi-même à ne plus savoir où j’en suis. Il est heureux que votre père n’ait rien appris encore de tout cela ; peut-être vaudrait-il mieux cependant qu’il le sût, il vous donnerait quelque conseil.
Il n’y a plus personne ici. Où seront-ils allés ?
Ils sont en bas ; je les ai entendus descendre l’escalier.
Je crains tout de leur emportement mutuel : ils on l’un et l’autre leur épée au côté.
Ils réfléchiront quel crime c’est à Londres que de mettre l’épée à la main ; ils savent bien qu’on ne se bat en duel ici qu’à coup de poing.
Je suis si troublée, si agitée, que je respire à peine.
Allez trouver votre père, instruisez-le de votre disgrace, et vous verrez ce que vous dira ce respectable vieillard.
Je n’ai pas le courage de le faire. Je connais sa délicatesse sur l’article de l’honneur, et je sais que chaque mot lui perceroit le cœur.
Voulez-vous que je lui en touche quelque chose ?
- ↑ Paméla tient le même langage dans la pièce française.
Quel moment pour mon père !
Ah ! combien va frémir son courage indigné,
Et de quels pleurs amers je le verrai baigné !
Le seul bruit du soupçon alarmait sa tendresse,
Révoltait son honneur et sa délicatesse…
Lui pourrai-je annoncer ce projet plein d’horreur !
Non, jamais chaque mot lui percerait le cœur ;
Je n’en ai pas la force.(Paméla mariée, acte IV, Sc. Ire.)