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Le Comte, (au Baron.)

Calmez-vous pour un moment. (À la Comtesse.) Quelle serait donc ton intention ?

La Comtesse.

De suivre notre route, de voir l’époux que vous me proposez, et de connaître son caractère et ses inclinations. Pour peu qu’il me plaise, qu’il soit honnête et décent, je le préférerai à tout autre, puisqu’il a fixé l’honneur de votre choix. Mais si je me trouve forcée de le haïr, j’aurai le courage de lui témoigner mon aversion, de m’affranchir du sacrifice, et de vous délivrer de votre engagement. Je ne suis pas plus jalouse de la paix de mon cœur, que de votre honneur et de votre tranquillité.

Le Comte.

Oui, ma fille, c’est fort bien penser, et j’ose espérer que le ciel comblera tes vœux.

Le Baron.

Quelle que soit la scène qui résultera de tout ceci, j’irai à Turin pour en être spectateur.

Le Comte.

Vous n’aurez pas l’audace de le faire.

Le Baron.

Ni vous le crédit de m’en empêcher.

Le Comte.

On corrige les fous, quelque part qu’ils se trouvent.

Le Baron.

Moi, un fou ! munissez-vous de votre épée.

La Comtesse.

Quelle est cette audace… ?