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La Comtesse.

Vous ne me connaissez pas, Monsieur ; mon usage n’est point de mentir.

Le Marquis.

Vos préventions contre le marquis Léonardo sembleraient indiquer une passion fortement enracinée.

La Comtesse.

Je n’ai point annoncé de préventions contre lui ; mais je crains, je doute, et je veux m’éclaircir. Pourriez-vous condamner ma conduite ?

Le Marquis.

Non, Comtesse adorable ; vous méritez d’être satisfaite, et je désire que vous le soyez. Trop heureux celui qui aura le bonheur de posséder une épouse aussi aimable, aussi sincère ! votre vertu est admirable, votre beauté rare, votre regard enchanteur, et vos beaux yeux d’une vivacité…

La Comtesse.

Il me semble, Monsieur, que vous allez un peu trop loin. (Elle se lève.)

Le Marquis.

C’est le vif intérêt que je prends à mon ami, qui m’anime…

La Comtesse.

Témoignez-le avec un peu plus de modération.

Le Marquis.

Oh ! ciel ! je voudrais cependant vous demander… mais je n’ose pas…

La Comtesse.

Vous voudrez bien permettre, Monsieur, que j’aille réveiller mon père ; il en est temps. (Elle va pour sortir.)

Le Marquis.

De grâce, Madame, encore un mot.