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très-content de son ton. (Il s’assied.) Si j’en croyais mon cœur, je me déclarerais ; mais la curiosité m’arrête. (Le garçon sort.)

La Comtesse.

Je voudrais qu’avec toute la sincérité qui caractérise un gentilhomme, un homme d’honneur tel que vous, vous eussiez la complaisance de me dire quel est à peu près le caractère du marquis Léonardo que l’on veut me donner pour époux.

Le Marquis.

Oui, Madame ; je m’engage même à vous faire entièrement son portrait. Je le connais assez pour l’entreprendre, et je vous réponds d’avance de la plus grande exactitude. Permettez-moi cependant de vous demander d’abord pourquoi vous vous trouvez ici et non pas à Milan, où, d’après le plan arrêté, le marquis Léonardo se devait transporter pour vous épouser ?

La Comtesse.

Je vous le dirais sans détours ; mais je tremble que mon père ne se réveille, et s’il me trouvait ici avec un étranger…

Le Marquis.

Vous auriez, Madame une excellente excuse à lui donner : vous vous entretenez avec un ami de votre futur époux.

La Comtesse.

Je suis de votre avis ; c’est une raison infiniment honnête.

Le Marquis.

Faites-moi donc le plaisir…


La Comtesse.

Volontiers. Je suis naturellement trop franche, pour pouvoir déguiser la vérité. Mon père m’a promise en mariage à un Seigneur que je ne connais pas.