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ment élaboré pour ce genre de combats. L’enquête telle qu’elle est faite de nos jours, avec ses formes et ses procédures contrôlées par le sénat, et n’ayant aucun rapport à l’issue de la cause, rappelle à Tolstoï ces combats, avec la seule différence que les armes sont changées, quant au fond il est resté de même : en effet, l’issue de la cause ne dépend-elle pas, maintenant encore, de l’habileté et de l’adresse des représentants des parties ? La tête des juges n’est pas autrement faite que celle des autres hommes. On peut agir sur eux d’une façon ou d’une autre par leurs qualités subjectives. Il en résulte que l’issue de la cause dépend de l’humeur accidentelle ou de la disposition d’esprit des juges et de l’habileté avec laquelle on sait se servir de leurs faiblesses intellectuelles et de leur prédisposition. Qu’est-ce que cela a donc de commun avec la recherche de la vérité dont est altérée l’âme de Nekludoff.

Les critiques de Tolstoï, parmi la magistrature, lui reprochèrent, en admettant qu’il existe réellement des juges tels qu’il les a dépeints, d’avoir choisi pour les acteurs de son roman, des types aussi ordinaires au lieu de prendre des personnalités plus remarquables. Cela n’aurait certainement rien changé au point de vue de Tolstoï, car les personnalités remarquables assises dans le fauteuil du juge, s’occupent également de leurs personnes, de leurs propres intérêts et de rien d’autre en accomplissant l’œuvre barbare du jugement criminel, œuvre dépassant les forces humai-