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avons bien souvent entendu de vos semblables, et tout cela ne sert à rien ».

Rien de bien tranquillisant non plus pour sa conscience n’acquiert Nekludoff par son dialogue avec l’aide du procureur général Selenine, un ancien camarade d’université, qui avait présenté la conclusion de l’affaire Maslow au sénat, et qui croyait le raisonner par ses arguments sur la différence, restée inaccessible pour Nekludoff, entre la substance de l’affaire et les formes de la procédure, l’exactitude de ces dernières prenant le dessus sur l’injustice de l’arrêt même.

« Il ne s’agit pas du pourvoi, mais d’une femme qui est innocente et qui subit un châtiment — dit Nekludoff.

Selenine soupira :

— Peut-être bien. Mais…

— Non pas peut-être, mais sûrement.

— Comment le sais-tu ?

— Parce que je faisais partie du jury. Je sais en quoi consiste la faute que nous avons commise.

Selenine devint pensif.

— Il fallait faire cette déclaration alors même, dit-il.

— Je l’ai faite.

— Il fallait la faire porter au procès-verbal. Si cela avait eu lieu à la cassation.

— Mais maintenant encore il est clair que l’arrêt était inepte.

— Le sénat n’a pas le droit de le dire. Si le