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nant une plainte en diffamation dans la presse, ne diminue sa perplexité :

« Nekludoff se mit à écouter et à tâcher de comprendre la signification de ce qui se passait devant lui, mais de même qu’au tribunal, ce qui l’empêchait principalement de comprendre, c’est qu’il était question non de ce qui semblait naturellement le plus essentiel, mais de choses parfaitement secondaires ».

Le discours de Tanarine ne parvient pas non plus à l’aider à comprendre et à dissiper l’artifice de ce qui se passe devant lui.

« Dans sa courte mais forte allocution, Tanarine s’excusait d’insister (dans ses six paragraphes), sur ce que messieurs les sénateurs, dans leur perspicacité et leur sagesse juridique voyaient mieux que lui, mais il le faisait seulement parce que le réclamait l’obligation du rôle dont il s’était chargé. Après le discours de Tanarine, il semblait qu’il ne pouvait exister le moindre doute dans ce que le sénat infirmerait l’arrêt du tribunal. Ayant terminé son discours Tanarine sourit victorieusement.

« En regardant son avocat et ayant aperçu son sourire, Nekludoff fut convaincu du gain de sa cause. Mais ayant jeté un regard sur les sénateurs, il vit que Tanarine souriait et triomphait seul. Les sénateurs et l’aide du procureur général ne souriaient et ne triomphaient pas, mais avaient l’air ennuyé de gens qui se disent « nous