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vous pourriez trouver une satisfaction, en allégeant les souffrances des individus confiés à votre garde.

— Est-ce qu’ils souffrent ?! C’est un peuple comme ça. Ayant dit ensuite quelques mots de sa pitié pour les détenus (à laquelle, disait-il, les autres officiers étaient étrangers) il voulut à toute force faire entendre à Nekludoff, l’histoire piquante d’une déportée qui s’appelait Emma, native de Hongrie, et qui avait de grands yeux de persane ».

Les ordres que donne le brigadier du poste où vient d’être transporté un déporté mort d’une insolation, se rapportent au même genre d’impression : « Qu’on le transporte à la morgue dit le brigadier, — toi viens à la chancellerie pour signer — ajouta-t-il en s’adressant au soldat d’escorte qui était resté tout le temps auprès du détenu ».

Tout le personnage est dépeint en deux mots :

« — Qu’est-ce que c’est que ce rassemblement ? se fit entendre tout à coup une voix décidée, et le brigadier, vêtu d’un sarreau de toile extraordinairement propre et éblouissant et chaussé de bottes plus éblouissantes encore, s’avança à pas rapides vers le groupe formé autour du détenu.

— Circulez ! vous n’avez rien à faire ici, cria-t-il au groupe, avant même de savoir pourquoi le peuple s’était rassemblé. S’étant approché il aperçut le prisonnier expirant et fit de la tête un